Palmarès 2020 Nicolai Laros
Cinéma & Plateformes
Chez Split Scream comme ailleurs, cette année 2020 aura été des plus contraignantes à divers niveaux, notamment sur le plan cinématographique. Et comme ailleurs, nous nous sommes adaptés à ces nouvelles contraintes. Dans un souci d’exhaustivité, trouverez donc sur cette page le juste compromis entre palmarès purement « salle » (pour moi) et découvertes en VOD-Streaming/Netflix et co (en partie pour Alex). Allez, j’avoue que pour les séries, j’ai aussi fait une petite entorse à ma ligne de conduite…
Le TOP 10 de Nicolai Laros
10. The Vigil & Too Old To Die Young
Film : Alors que l’on croyait en avoir doucement fini de l’épouvante à la Insidious/Conjuring après des The Boy II et autres Annabelle peu reluisants, elle revient faire un petit tour et nous prouve que lorsque les sujets ont en de bonne mains, il n’y a pas de raison de faire la fine bouche. Pour tous ceux qui en ont assez des jump-scares foireux et attendent un peu davantage d’une production fantastique que de simples clichés ambulants, The Vigil se pose définitivement là. Le personnage central est amené à effectuer une veillée funèbre dans une maison isolée d’une communauté juive orthodoxe. Pour lui, la nuit sera longue et particulièrement stessante. Pour peu que vous tentiez l’expérience, pour vous aussi !
Série : Nicolas Windig Refn n’a pas son pareil pour dynamiter de l’intérieur le genre auquel il s’attaque. Voyez (ou revoyez) donc pour vous en convaincre -au hasard- Le Guerrier Silencieux (Walhalla Rising) ou Drive. Le bonhomme n’a bien sûr pas changé d’un iota changé son fusil d’épaule et cette série balisée sur le fond autant que totalement expérimentale sur le fond cache parfaitement son jeu. Au-delà de son rythme languissant, c’est à une odyssée nocturne en immersion totale dans le monde impitoyable de la criminalité de L.A., ou plutôt dans l’esprit de ses personnages tous plus troubles les uns que les autres, que le Danois nous convie. On y goûte soit du bout des lèvres ou on se laisse gagner par un splean surpuissant que ne renierait pas un certain Michael Mann. La BO de Cliff Martinez y est pour beaucoup. Fascinant et dérangeant. Du pur Refn.
9. Underwater
Après des films à petits budgets comme Space Time : L’Ultime Odyssée ou encore The Signal (2014), William Eubank se voit ici confier un budget très confortable en plus de la Star Kirsten Stewart. Essentiel pour conférer ce qu’il faut de tenue à une aventure sous-marine à bord d’une station de forage ancrée au fond des abysses. Abyss? Un nom pas si anodin pour un film de SF situé lui aussi sous des galons d’eau salée et avec une équipe qui va devoir faire face à l’inconcevable. En lieu et place du chef-d’œuvre de Cameron, c’est néanmoins plus du côté de ces B jouissifs que sont M.A.L. et Leviathan (1989) qu’il faudra aller chercher des éléments de comparaison, et ce n’est d’ailleurs pas un mal (…lol…), loin s’en faut! « Ce n’est pas vous qui regardez les abysses, ce sont elles qui vous observent. » Inlassablement, on y revient!
8. Enragé
Conduire, surtout en temps actuel, relève de plus en plus de l’épreuve de force, vous ne trouvez pas? Le moindre « faux-pas » ? Systématiquement réprimandé par des automobilistes toujours plus à cran! N’y-a-t-il pas d’autres moyens pour communiquer son désarroi, même si le stress des délais serrés à tenir devient une véritable contrainte dans nos sociétés focalisées sur la rentabilité immédiate et non l’humain. C’est ce que doit se dire la jeune Karen lorsqu’elle « indispose » au volant de sa petite voiture celui qu’il ne fallait justement pas. D’autant plus dommageable que The Man lancé à ses trousses à bord de son 4×4 n’a quant à lui plus rien à attendre de la vie, donc à perdre. Et d’autant plus effrayant que cela peut, effectivement –et comme abordé fièrement par l’affiche du film-, arriver à tout le monde. Un p’tit coup d’œil dans le rétro, chiche?
7. L’Etat Sauvage
Ce film magnifique retrace le périple vécu par des colons français qui doivent subitement quitter le Missouri pour rentrer en France et ce alors que la guerre civile éclate aux Etats-Unis. Pour atteindre le prochain navire en partance pour l’Europe, ils vont devoir faire confiance à un mercenaire au passé trouble. Bientôt, ses actions d’antan vont sérieusement mettre en péril la survie de ce groupe de … Françaises. Subtil et filmé dans des décors naturels grandioses, L’Etat Sauvage est à la fois une aventure épique, un drame humain -féminin sans être foncièrement féministe- bouleversant et une aventure sensitive à la lisière du fantastique doublé d’un western, un vrai. Pour tout ça: merci monsieur Perrault !
6. Jojo Rabitt
On connaissait le goût (et le talent !) du réalisateur Néo-Zélandais pour s’accaparer des sujets aussi divers que la vie familiale des vampires ou celle des super-héros sur Asgard, il choisit cette fois-ci de jeter son dévolu sur celle du jeune Jojo qui vit le 3ème Reich au travers du regard de l’enfant qu’il est. Et grand bien lui a pris. En effet, il fallait oser s’attaquer de façon aussi décalée et attendrissante sur celles et ceux qui ont vécu ce tragique épisode historique de l’intérieur. Mais bien au-delà d’un schématisme redondant et opportuniste, Taika Waititi, en parfait équilibriste qu’il est, parvient toujours à se montrer à la hauteur de la tâche et livre un film déconcertant, à la fois chaleureux et tout aussi grave mais qui sait surtout utiliser le rire pour mieux amener le public à réfléchir aux conditions de vie de l’époque. Pour des claques de ce type, on tendrait bien l’autre joue.
5. Tenet
Nolan Christopher de monde merveilleux le dans bienvenu. On connaissait le goût (et le talent !)…. A cette petite aparté introductive près, je pourrais commencer exactement de la même manière mon avis…. ce serait d’ailleurs tout à fait justifié dans ce cas, sauf que: bienvenu dans le merveilleux monde de Christopher Nolan ! Un Nolan d’ailleurs loin de nous la jouer « Dunkerque bis », nous la rejoue donc Inception mais à l’envers cette fois-ci. A la sortie de projection, que de « Wow, j’ai rien compris et donc j’ai pas aimé! » et de « Wow, j’ai rien compris et finalement j’ai adoré ! » Et si justement cette fois-ci, il n’y avait rien à comprendre… d’autre que d’accepter de ne pas tout comprendre du premier coup et donc de lâcher prise… Non ? Si ! Et si c’ETAIT D’ABORD juste ça qu’il y avait à comprendre? Hum… Trop compliqué pour certains? Pas de problème : vous aurez bientôt le BluRay entre les mains et vous finirez bien par comprendre, après moult visionnages/arrêt sur image/Rewind/FF/revisionnage que ce TENET, que vous tenez entre les mains est un futur classique de la SF. Ni plus, ni moins. Vous voyez, c’était pas si compliqué en fin de compte!
4. The Dark and The Wicked
Bryan Bertino s’était fait discret depuis The Strangers. Deux petits films au compteur depuis 2008, dont l’honorable -quoique pas très ambitieux- The Monster en 2016.
Avec ce nouvel opus, il revient enfin aux affaire et nous livre un mélange finalement très cohérent entre Poltergeist II : The Other Side et The Witch. Et même beaucoup plus: dans une ambiance champêtre du plus bel effet, magnifiée par la photo crépusculaire de Tristan Nyby, l’action se déroule dans une ferme familiale dont les membres sont secoués par d’étranges phénomènes: après le suicide inexpliqué de sa femme et d’étranges symboles rituels qui apparaissent dans la grange, le père tombe en catatonie. Leurs enfants, un jeune homme et sa sœur, venus garder leur père pour l’occasion, ne tarderont pas à constater que la mort rôde dans la lande avoisinante ; qui est donc par exemple cet étrange prêtre qui semble en savoir davantage que tous les autres? Au-delà du mystère, la peur, la vraie.
3. Invisible Man
Après l’uppercut Upgrade en 2018, dire que l’on était impatient de voir ce que l’ancien associé de James Saw Wan allait nous concocter pour son second métrage en solo relevait du doux euphémisme. Mais surtout: allait-il confirmer tout le bien que l’on pensait de lui avec cette relecture régulièrement ajournée d’un classique de la Universal des années 30. Au vu du résultat si loin de faire l’unanimité de La Momie version Tom Cruise, le studio décida de limiter la casse, trouva un nouveau partenaire pour produire ce film indépendamment et lui lassa surtout les coudées franches. En dépit d’un budget des plus modestes, l’arrivée de Whannel à la barre du projet redonna des couleurs aux aficionados. Et au vu du résultat, ils n’avaient pas tort d’espérer: en livrant un film vénéneux, inquiétant, inventif, malin et tordu qui vire au joyeux jeu de massacre dans son dernier virage, le réalisateur fait plus que rassurer : il prouve qu’il en a décidément vraiment dans le ventre!
2. Lands of Murders
La claque de cette année 2020 était clairement d’origine allemande. En remakant le film policier ibérique La Isla Minima, ou plutôt en en proposant une relecture des plus personnelles, Christian Alvart, le réalisateur d’un excellent Pandorum en 2009, avait vu juste: transposer cette sombre histoire de traque d’un insaisissable meurtrier dans la zone géographique frontalière entre la RFA et l’ex-RDA située au nord de Berlin était d’une légitimité exemplaire: ce no man’s land bien réel devient du coup ici le théâtre cafardeux des agissements d’un sérial killer « plus vicelard tu meurs » et qui aime s’en prend à des adolescentes pour leur faire connaître l’enfer. Au vu du contexte politique de cette période très terne et grise de la récente histoire allemande, la collaboration entre deux agents aux méthodes certes très différentes car originaires de deux Allemagnes est loin de simplifier les choses. En résulte un thriller géostratégique d’une « saleté » toute minérale et qui n’appartient donc qu’à lui, qui en démontre à ses modèles européens et même américains. Un must!
1. The Rental & Watchmen
Film : Le meilleur film de cette année 2020 est-il un grand film? Du calme, on y vient! Le meilleur film de 2020 a-t-il même été ne serait-ce qu’un seul instant « pensé » comme tel? C’est bien là la question la plus pertinente, la plus intéressante du lot. Et c’est surtout celle qui permet de faire avancer le schmilblick… Non, The Rental, première réalisation du tout jeune Dave Franco (Nerve, ouille…et oui !), sous ses airs si modestes, a même des airs d’anomalie systémique. Du moins si l’on s’arrête à son postulat de départ : quatre amis louent une maison pour les vacances. Une fois arrivés sur place, ils ne vont pas tarder à constater que quelque chose cloche sérieusement dans le coin. Un pitch ticket de métro allez-vous me dire. Et c’est justement la grande force d’un film qui nous embarque dès lors pour une virée sans ticket retour. Sa principale qualité? Au-delà de rester imprévisible de bout en bout, c’est celle d’égratigner avec un talent certain le verni policé de notre société si civilisée dans laquelle l’anonymat des médias sociaux est peu à peu, et donc fatalement, en train de se retourner contre nous. Qui y survivra? Une question à laquelle The Rental répond de manière cinglante. Et du coup, c’est le chouchou de l’année. Un petit film, donc. Et aussi un grand, il va sans dire! Avec Dan The Guest Stevens, ce qui ne gâche rien à la fête…
Série : Avec ce nouveau Watchmen, Damon Lindelof parvient à accomplir un tour de force dont même Zach Snyder devait rêver au moment de mettre en chantier son adaptation de la BD éponyme d’Alan Moore, d’ailleurs réputée inadaptable: pondre une nouvelle référence en terme de transposition d’univers celluloïd sur grand écran. A la différence ici que Lindelof n’adapte en définitive pas grand-chose, et qu’il bat le fer encore chaud, le soumet à sa propre volonté créatrice et nous gratifie au passage d’une note d’excellence qui fera assurément date dans les annales. Car cette nouvelle version, que dis-je, vision des Watchmen est tout simplement ce qu’il est arrivé de meilleur au monde des super-héros depuis un certain… The Dark Knight en 2009. N’en jetez plus, s’il vous fallait trouver un joyau scintillant, un véritable diamant brut dans toute cette liste de films, et bien vous le tenez en cet instant précis, juste là, entre vos mains. An ABSOLUTE masterpiece ! Et n’oubliez surtout pas de vous procurer la BO d’Atticus Ross et de Trent Renznor : si vous ne succombez pas directement à la série, elle se chargera de vous régler votre compte. Pour de bon!
Le FLOP 6 de Nicolai Laros
1. Fried Barry
2. Relic
3. Light of My Life
(je tiens à préciser que mis à part le N°1 incontesté ici, je n’ai à proprement
parler vu aucun bouzin au ciné en 2020!)