Palmarès Films 2023
Cinéma & Plateformes
2023 n’est pas un très grand cru en termes de cinéma, alors que plusieurs films ont pourtant célébré à leur manière le septième art à travers leur scénario. L’année avait démarré fort avec Babylon, œuvre folle et ambitieuse de Damien Chazelle, malheureusement boudée par le public. Spielberg, avec The Fabelmans, a livré un film touchant sur la genèse de sa passion et une ode à son enfance et à sa famille. Du côté de l’horreur et de ses suites, Terrifier 2 assène un sang neuf bienvenu et revigorant face aux paresseux Scream 6, Evil Dead Rise ou L’Exorciste: Devotion. Quelques films sympas apparaîtront ça et là, mais il faudra attendre l’été pour que certains blockbusters jouent leur rôle de spectacle total (Barbie, Oppenheimer), et que des œuvres plus intimistes parviennent à nous surprendre (Master Gardener, Reality, Pearl…). Du côté de l’hexagone, la qualité et la variété des genres ont souligné la vigueur du cinéma français (Les 3 Mousquetaires, Nos Cérémonies, Anatomie d’une chute, Le Procès Goldman, Vincent doit mourir). L’Histoire avec un grand H a su imprégner certaines pellicules d’une belle profondeur (L’Île Rouge, Les Colons), ou d’une beauté visuelle indéniable mais décevoir par ses partis pris narratifs (Napoléon).
Le Palmarès de l’année reste un exercice toujours délicat, où les films qu’on n’a pas vus à temps ne figureront jamais, que certains choix proviennent d’hésitations basées sur des souvenirs parfois flous. Mais il a le mérite de s’inscrire à un temps T est de faire un petit état des lieux. Voilà notre Palmarès des meilleurs films (et des déceptions) de l’année 2023…
Le TOP 10 d’Alexandre Metzger
10. Vincent doit mourir
Vincent est un jeune parisien plutôt ordinaire, un peu arrogant mais pas méchant, créatif sans être brillant, séduisant mais pas beau gosse. Mais vouloir le tuer pour ça, ce serait déplacé. Pourtant, il semblerait que les gens qui croisent son regard se soient passé le mot et tentent par tous les moyens de lui faire la peau… Une idée de scénario simple menée de main de maître par Stéphan Castang. Le digne représentant du cinéma de genre français qui nous a particulièrement gâté cette année 2023.
9. Mission: Impossible – Dead Reckoning
Christopher McQuarrie et Tom Cruise ont un parcours qui commence à remplir un CV commun assez impressionnant. Scénariste, réalisateur, voire les deux pour plusieurs films de la star depuis 15 ans, cette complicité donne lieu avec ce dernier opus de Mission: Impossible à un vrai plaisir (coupable) de cinéma. Le divertissement du public et l’envie de spectaculaire ne délaissent pas un scénario ambitieux, ni des personnages bien taillés qui nous emportent dans leur grand huit.
8. Nos Cérémonies
Nos Cérémonies est tristement passé inaperçu dans les salles au mois de mai. C’est l’occasion de mettre en avant ce film pourtant très réussi qui suit deux frères, liés par un étrange et dangereux rituel qu’ils pratiquent en secret. Le retour dans leur maison d’enfance, après des années passées ailleurs, va raviver des souvenirs et les transformer. Avec ce premier film, Simon Rieth livre une œuvre très juste, parvenant à trouver un équilibre fragile dans la relation entre ces deux frères fusionnels campés par de jeunes acteurs charismatiques. Espérons que cet échec ne freinera pas leurs envies de cinéma.
7. Master Gardener
Paul Schrader n’a pas une carrière des plus exemplaires. La qualité de ses films est variable mais peut attester d’une longévité qui force le respect. Après l’élégant The Card Counter, c’est un nouveau personnage/métier qu’il inscrit dans son univers. Joel Edgerton incarne Narvel, un artiste jardinier au service de Norma (Sigourney Weaver), une vieille et très distinguée bourgeoise. Leur relation ambigüe semble hésiter entre dévouement et dépendance mutuelle. Un élément perturbateur va quelque peu fragiliser leur équilibre en la personne de la petite nièce de Norma. La violence et la poésie vont éclore de pair dans cette belle histoire humaine complexe où l’on tremble pour ses personnages si attachants.
6. Infinity Pool
Ce huis-clos insulaire plonge un couple qui frôle la perfection (Alexander Skarsgård et Cleopatra Coleman, beaux et riches à la fois) dans un cauchemar irréversible. Dans ce monde à part, les mœurs, us et coutumes sont d’abord attirants et déroutants, pour atteindre rapidement une dangerosité surréaliste. Brandon Cronenberg creuse son sillon depuis quelques années et, tout en assumant une filiation indéniable avec son père, parvient à créer son propre univers fantastique au fil des films. Un parcours qui s’annonce passionnant à suivre.
5. Pearl
Il y a un an trônait à la huitième place de notre palmarès le premier volet de la trilogie de Ti West, le bien nommé X. Mia Goth reprend le rôle de Pearl et nous sert sur un plateau d’argent une performance aux mille nuances. A la fois naïve, folle d’amour, elle rêve de devenir une star. Mais coincée dans sa ferme, elle va devoir forcer le destin en usant de quelques stratagèmes et potentiellement d’outils tranchants. Le film n’a pas eu droit à une sortie en salle mais n’en reste pas moins une superbe préquelle dont on a hâte de découvrir l’épisode de clôture, MaXXXine.
4. Les Colons
Si le dépaysement géographique et temporel est assuré avec ce film situé en Terre de Feu au Chili, en 1901, le voyage dans l’Histoire méconnue (ou occultée) de cette énième colonisation n’en est que plus brutal. Dans ce western d’une autre Amérique, trois personnages que tout oppose (un soldat britannique, un mercenaire américain, un jeune métis chilien) sont réunis pour mener à bien une mission honteuse commandée par un riche propriétaire terrien, José Menéndez. 100 ans plus tard, le terme génocide sera employé pour désigner cette page sombre de l’histoire espagnole. Un premier film impressionnant de maîtrise, autant scénaristiquement que visuellement.
3. Oppenheimer
Adulé par le plus grand nombre, conspué par certains qui n’apprécie guère ses films concepts ou la démesure de sa mise en scène, Christopher Nolan trouve avec Oppenheimer une nouvelle occasion de nous en mettre plein la vue. Mais malgré l’ampleur de ce sujet explosif, il parvient à faire preuve d’humilité face à l’Histoire et laisse toute sa place aux personnages et aux acteurs qui les incarnent. Le scientifique, entraîné dans un destin terrifiant, est montré comme un homme tourmenté mais solide devant la tâche qui l’attend. Et surtout comme un être plus humain que la silhouette austère qu’on imaginait, peut-être plus sensible aux charmes des femmes que des formules mathématiques.
2. Reality
Reality Winner, une jeune femme ordinaire sans histoire, employée des renseignements américains, voit son quotidien bousculé par la venue d’une équipe du FBI à son domicile. Les agents, très amicaux, entament une discussion cordiale avec elle mais non dénuée d’une certaine tension sourde. Sans la bousculer, ils vont peu à peu l’amener à se remémorer une journée durant laquelle elle aurait commis un acte pouvant mettre en péril l’Etat américain. Basé sur de véritables enregistrements, le film est un thriller implacable qui fonctionne uniquement à travers les dialogues et son casting impressionnant de justesse et de finesse. Sans action, sans coups de feux ni crissements de pneus, Reality est un exercice de style proche de la perfection.
1. Babylon
Sorti à l’aube de 2024, Babylon augurait une année folle en termes de cinéma. Damien Chazelle insufflait toute sa fougue dans cette superproduction sonore et filmique. Un spectacle total, un plaisir contagieux aux rythmes endiablés. Un hommage à Hollywood, côté rêve et côté cauchemar. L’échec du film est triste à entendre et dur à comprendre, mais nul doute que cette œuvre a déjà sa place dans l’Histoire du 7e Art.
Voir la chronique complète
Le FLOP 10